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L’alphabétisation du sens corporel (Felt Sense Literacy)

Translation: Solange St. Pierre, February 2013

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Notre énoncé de vision précise que nous avons comme objectif d’offrir la pratique du Focusing à tout le monde ou, à tout le moins, à «une proportion importante de la population de tous les pays, de toutes les cultures et de toutes les classes sociales». Nous allons dans cette direction, même si nous sommes encore passablement éloignés du but. Avec l’approche de la Thérapie d’Orientation Focusing (TOF) qui est maintenant enseignée partout dans le monde, nous avons fait de larges avancées vers la création d’un mouvement thérapeutique d’orientation Focusing.

Gene, en tant que philosophe, a choisi de développer une application de sa philosophie et de ses concepts d’Experiencing et de Création de Sens dans le contexte thérapeutique. Nous pouvons ainsi constater que le champ de la psychothérapie constitue actuellement la voie de développement principale du Focusing. La plupart de nos enseignants sont thérapeutes. Cependant, les clients des thérapeutes ne représentent pas «une proportion substantielle» des gens de tous les pays, de toutes les cultures et de toutes les classes sociales.

Nous étions intrigués depuis un certain temps par le fait que les gens qui apprennent le Focusing nous demandent souvent : «Comment se fait-il que je n’aie pas entendu parler de ça plus tôt?». Et l’une des raisons est que le Focusing disparaît derrière la porte de bureau du thérapeute lorsqu’elle se ferme. Les sessions d’écoute se font un à un dans la confidentialité. Le Focusing, dans sa forme thérapeutique, ne peut être vu par quelqu’un d’autre, ce qui fait qu’il n’a pas été rendu visible.

Nous travaillons aussi depuis longtemps avec le modèle des groupes de changement, celui du partenariat et celui du «Community Wellness» qui amènent aussi une certaine visibilité. Mais la psychothérapie reste tout de même notre avenue principale.

Une autre raison qui limite la connaissance du Focusing est qu’il demande un certain apprentissage. La formation des intervenants requiert quelques années. Et, finalement, un troisième point est qu’il n’est pas facile de le mettre en mots et en concepts. Lorsqu’on nous demande ce qu’est le Focusing, la plupart d’entre nous restons muets ou bien nous parlons des bénéfices qu’il apporte. Nous expliquons la manière dont le corps porte les situations. Mais, pour les gens qui n’ont pas l’habitude de fréquenter l’espace corporel, ça ne veut rien dire.

Ceux qui font du Focusing évitent alors d’en parler. Ils ne le mentionnent pas dans leurs groupes, dans leurs organisations et n’en parlent même pas avec ceux avec qui ils vivent ou travaillent. Nous sommes en étroite relation avec des formateurs en provenance d’autres groupes qui enseignent de nouvelles approches expérientielles telles la communication non violente (CNV) ou la facilitation dynamique (FD). Plusieurs personnes qui pratiquent le Focusing l’ont combiné à d’autres approches de manière très efficace car chaque approche ajoute à l’autre. C’est avec notre corps que nous apprenons. Et chaque apprentissage améliore la manière dont nous allons aborder le suivant. Et le Focusing améliore grandement toutes les autres approches. Mais pour plusieurs, il semble impossible de communiquer à d’autres ce qu’est le Focusing, ce qui a limité jusqu’à présent la possibilité de le combiner.

Ainsi, à cause des limitations dues au contexte thérapeutique, à la lenteur de l’apprentissage et à la difficulté d’en parler, il a été difficile de lancer ce mouvement global que nous souhaitions voir se répandre dans le monde entier auprès de toutes les populations à l’échelle d’une «proportion substantielle».

Nous pensons maintenant qu’une nouvelle manière de transmettre le Focusing rendra cette initiative mondiale possible.

La pause :
À partir du concept que j’ai développé de la «Pause révolutionnaire» (disponible sur la page Web), William Hernandez a mis au point une manière de l’enseigner. Il n’enseigne pas tout le processus de Focusing, il commence par donner accès au corps. Et le corps lui accède directement au sens corporel. Il offre des ateliers d’une durée de trois heures aussi bien en région rurale que dans les villes. Ces ateliers n’impliquent que des activités qui se font dans l’interaction et par le contact des yeux. Et, lorsque les formateurs reviennent un mois plus tard, plusieurs personnes dans chacune des communautés pratiquent encore la pause. Les responsables d’autres provinces viennent à Quito pour demander des ateliers. Ce qui nous fascine dans cet enseignement est de constater qu’en apprenant la pause, les gens accèdent quasi instantanément à la conscience du sens corporel. Et, avec la pause, le silence devient perceptible pour tous et aussi contagieux que le bâillement. Il n’y a ni explication ni description. On le communique simplement en le faisant. C’est simple mais très profond. Et nous pouvons ainsi anticiper une diffusion de l’accès au sens corporel à tout le monde. 

Collaboration avec la FECD :
La FECD est une société de développement œuvrant en Équateur dont William Hernandez est le PDG. Il est également coordonnateur de formation pour l’Institut de Focusing. Gene et moi travaillons en collaboration avec lui sur une base hebdomadaire depuis un an maintenant. Et la FECD est prête à financer une initiative ouverte au monde entier.

Les coordonnateurs et les intervenants qui sont intéressés par l’approche peuvent se rendre en Équateur pour y observer le déroulement d’un atelier. Les enseignants de la FECD peuvent aussi se déplacer lorsqu’un groupe de 15 à 20 est formé quelque part et prêt à participer à un atelier de deux ou trois heures. Les participants ne doivent pas connaître le Focusing. Nous savons que cette méthode fonctionne pour les nouveaux venus mais nous ne sommes pas sûrs qu’elle soit aussi efficace pour ceux qui ont déjà eu un autre type de formation. Il n’y aura pas de frais pour les participants.

Nous cherchons toujours une manière d’introduire le Focusing dans des infrastructures comme les systèmes scolaires de telle sorte qu’il puisse rejoindre l’ensemble des gens qui en font partie.  En Argentine par exemple, le syndicat national des enseignants a publié un livre et un deuxième est en cours de production concernant l’utilisation du Focusing par les enseignants dans leurs classes. Nous avons aussi notre propre infrastructure dans le monde entier. Des centaines d’intervenants œuvrent dans 49 pays. Nous pouvons ainsi obtenir rapidement de l’information et la faire circuler d’un pays à l’autre. Nous aimerions vous inviter à nous rejoindre dans cette expérimentation sociale et à participer, d’une manière ou d’une autre, à l’élaboration de cette initiative mondiale.

Vous pourriez bien sûr adapter l’usage de ces méthodes à votre façon particulière d’enseigner.

L’alphabétisation du sens corporel :
Nous savons tous que le Focusing est un processus naturel. Chaque être humain en a la capacité. Par analogie avec la lecture et l’écriture, disons que le Focusing est une habileté que chacun peut acquérir et développer. Le voir ainsi sous l’angle de l’«alphabétisation» le positionne au niveau le plus élémentaire. C’est quelque chose que tout le monde peut faire de manière naturelle. Et dans cette perspective on ne devrait pas demander d’argent aux gens pour le leur enseigner. Leur demander de l’argent ce serait un peu comme si une société vendait aux gens de l’eau qui leur appartient déjà. En ce moment nous pouvons offrir gratuitement un atelier de trois heures parce que nous avons du financement pour ce projet.

L’enseignement et la pratique du Focusing dans un cadre thérapeutique requièrent actuellement des honoraires. Mais nous croyons que l’enseignement de ce processus naturel ne devrait pas être un travail d’expert. Les gens peuvent partager cette expérience de la Pause donnant accès au sens corporel. Il n’est pas évident pour ceux qui sont thérapeutes de reconnaître que le Focusing n’est pas une pratique réservée au domaine de la santé mentale. Il faut le ressentir corporellement comme étant quelque chose d’aussi essentiel que l’alphabétisation pour le vivre comme une expérience ancrée dans les fonctions humaines universelles. La lecture et l’écriture sont des fonctions universelles. Mais il a fallu un siècle d’efforts pour que l’alphabétisation rejoigne la grande majorité des gens et ce n’est pas encore complètement fait. Nous entreprenons de petites étapes dans une sphère qui est très large.

Avec ce nouveau terme d’«alphabétisation du sens corporel», nous lançons une initiative mondiale d’alphabétisation du sens corporel. Si cette vision est enthousiasmante pour vous, écrivez nous afin que nous puissions découvrir ensemble la manière dont vous aimeriez y participer.

Contactez Mary:  [email protected] ou William: [email protected]  website:www.focusing.ec

Cordialement,

Mary

Soti Grafanaki's letter about visiting Ecuador and experiencing the power of the pause
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